dimanche 20 décembre 2009

Sagesse n° 1 d’Ibn ’Atta Allah Al-Iskandary

Les sagesses d’Ibn Atta’ Allah Al-Iskandary (1260-1309) - Sagesse n° 1


Sagesse n° 1 d’Ibn ’Atta Allah Al-Iskandary :

"Parmi les signes que l’on compte sur ses propres œuvres, c’est avoir moins d’espoir (dans la miséricorde divine) lors d’un faux pas"

« من علامة الإعتماد على العمل نقصان الرجاء عند وجود الزلل »

Importance de cette sagesse :
Cette sagesse met la lumière sur la relation entre le serviteur et son Seigneur le très Haut. Elle précise de ce fait le comportement que doit adopter l’adorateur vis-à-vis de son Créateur. Qui donc renoncerait à connaître le secret de cette relation ?
Elle vient aussi renforcer le but que s’est fixé Ibn Atta à travers ses sagesses à savoir expliquer la parole de : « Il n’y a de pouvoir et de puissance qu’en Allah »
Ibn Atta explique que compter sur ses propres œuvres d’adoration est un grave problème de compréhension qui mène à une relation inadéquate avec Dieu. Son symptôme visible serait le déficit d’espoir en la miséricorde de Dieu au moment des faux pas ou des fautes, alors qu’on en a le plus besoin.
Le prophète (PSL) affirme dans un hadith d’après Al-Boukhari que l’attitude de compter uniquement sur ses œuvres n’est qu’une illusion : « Aucun de vous ne rentrera au paradis grâce à ses seules œuvres » On lui demanda : « même toi Ô prophète d’Allah ? » Il répondit : « même moi à part si Dieu me couvre de sa miséricorde ».
Pourquoi compter sur ses propres œuvres est-il fatal à l’adorateur ?
Selon donc Ibn Attaa dire « je rentrerai au paradis parce que j’ai fait tant et tant d’actes d’adoration » ne peut-être que faux ! Tâchons de comprendre pourquoi.
La réalité est que c’est la miséricorde d’Allah le Clément qui conditionne notre entrée au paradis. Et ce qui nous lie à cette miséricorde c’est l’espoir que nous pourrions avoir en notre Seigneur. De ce fait il se peut que le musulman ne fasse pas la différence entre l’espoir qu’il porte sur ses seuls actes et l’espoir qu’il pourrait avoir en Dieu lui-même de le faire entrer au Paradis.
Comment peut-on savoir si cet espoir repose sur l’humain ou le divin ? On le sait au moment du faux-pas c’est-à-dire quand on a commis des péchés. Si dans cet état notre espoir en la miséricorde Divine est moindre alors cela signifie que cet espoir ne reposait en réalité que sur nous même ou nos propres actions et non sur Allah.
Cette attitude avec Dieu est grave car elle touche le dogme même de l’Islam. Celui qui compte sur ses seuls actes, sera assez arrogant pour prétendre mériter le paradis. Il arrivera même à ne plus espérer la miséricorde divine puisque dans sa prétention il pourrait croire qu’il n’en a pas besoin. Cette attitude n’est plus celle d’un serviteur avec son Seigneur mais davantage une relation d’humain à humain ! C’est déjà extrêmement grave. Mais il est fort probable qu’il en arrive au point même de se convaincre qu’il est en train de faire, par ses actes d’adoration, une faveur à Dieu le tout Puissant ! N’est-ce pas injuste et surtout en contradiction avec le tawhid (unicité de l’adoration) ?
Pourquoi te trompes-tu au sujet de ton Seigneur ? Comment peux-tu croire que tu fais une faveur à Dieu alors que c’est lui qui te fait la grâce d’accéder à son adoration ? Il ne saurait être question d’une telle relation de l’adorateur avec son Seigneur. En fait les actes d’adoration que nous effectuons sont en réalité et avant tout la faveur Divine qui s’exprime à notre égard. Qui donc t’as fait aimer la foi et accéder aux nombreuses adorations ? Certes c’est bien Allah le très haut. Tu dois plutôt remercier Allah le Clément
Ne médite-tu pas la générosité, la miséricorde, et la grâce d’Allah quand Il t’offre ses bienfaits ? Il te prescrit d’en distribuer une partie, l’autre étant pour toi. De plus quand tu dépenseras ton argent pour les autres cette quantité te sera destinée et multipliée. Seras-tu assez injuste et ingrat pour prétendre que c’est grâce à toi que cet acte a été fait et que tu mérites la récompense par la faveur que tu auras faite à Dieu ?!Ne vois tu pas que DIEU te fait faveur après faveur. Peux-tu décemment prétendre qu’Allah te doit cette récompense alors que c’est toi qui lui es et restera à jamais redevable ?
Qu’en est-il du paradis et de la récompense ?
Comment comprendre alors tous les hadiths et versés rattachant les bonnes œuvres à la récompense et au paradis comme le verset « entrer au paradis par ce que vous faisiez » ?
C’est la faveur d’Allah qu’il exprime ; Il a décidé unilatéralement par miséricorde qu’il nous donnerait le paradis pour le peu que nous réussissions à présenter comme bonnes œuvres ; En fait tes actions sont bien peu de chose par rapport à ce qu’Il te donne et te promet. Ainsi selon un hadith un homme pieux ayant adoré Allah pendant plus de soixante années devait rentrer au paradis sans jugement. Il demanda pourtant d’être jugé pour ses œuvres. Il en fut ainsi : Allah demanda de peser d’un côté tous les bienfaits contenus dans un seul œil et de l’autre toutes les années d’adoration. Quel en fut le résultat ? Et bien ces soixante années de dévotion n’ont pas suffit à contre balancer ou racheter toutes les faveurs qui ont été mis dans cet œil seulement
Il a compris donc qu’Allah ne nous rétribue pas selon sa justice car nous ne faisons que peu de choses en regard de ses faveurs infinies. C’est de sa miséricorde qu’Il décide de nous entourer au point de nous donner bien plus que ce que nous méritons.
Comment réagir en cas de manquement ? Quant à la deuxième partie de la sagesse elle signifie que lors de ce qu’on appelle un échec, un manquement, un péché quoiqu’on craigne la colère et le châtiment divin on se doit toujours de l’accompagner de l’espoir en sa miséricorde infinie. De fait dans tout les cas l’homme ne peut échapper aux péchés.
Quelque soit son état d’adoration ou de manquement il se doit d’être entre ces deux sentiments : la peur et l’espoir, comme les deux ailes d’un oiseau, les deux lui étant indispensables .Mais dans l’état d’adoration l’espoir ne doit pas l’emporter sur la peur au point de l’annihiler de même qu’en état de manquement, la peur ne doit pas prendre le dessus au point de faire taire l’espoir. La peur seule empêche l’adorateur de se repentir. L’espoir engendre le repentir qui permet au pécheur de revenir vers son Seigneur repentant celui dont Allah dit dans un hadith « saint » ou qodsi : « mon serviteur a péché qu’il sache qu’il a un Seigneur qui pardonne »
Comportement de l’adorateur envers son Seigneur ? Saches donc que tu resteras endetté vis-à-vis de Dieu quoique tu penses avoir présenté comme bonnes œuvres car ce ne sont que bien peu de choses par rapport à ce qu’Il t’a octroyé. L’adoration de Dieu se doit car c’est notre Seigneur et nul autre que Lui ne mérite d’être adoré. Quant à la demande du paradis c’est une demande de faveur et de bienfait de la part de Dieu et non un marchandage.
Saches que le prophète (PSL) dans sa compréhension profonde nous montre l’exemple. Bien qu’Allah lui ait pardonné tout le passé et le futur il continuait ses adorations avec la plus grande ferveur. Si le but final de notre adoration est seulement la récompense comme le paradis, pourquoi alors que tout cela lui est garanti, le prophète continua-t-il ses adorations ? Parce qu’il connaît la réalité de l’adoration : c’est le meilleur état du serviteur qui sait que Dieu mérite d’être adoré. Il est son serviteur et Il est son Seigneur. Cette adoration est donc une reconnaissance d’Allah, et tes actions ne sont que le chemin pour Sa connaissance et Son Paradis.
Et rappelles-toi…les paroles d’Al-Ghazali : « Celui qui pense entrer au Paradis par ses seules actions se trompe, et celui qui pense entrer au paradis sans actions se trompe ». Donc il nous faut œuvrer en cette vie en nous gardant de nous tromper dans notre relation avec notre Seigneur. Nous lui sommes redevables de tous les bienfaits qu’il nous dispense dont l’adoration fait partie. Et parce que sa miséricorde est infinie notre espoir doit être constant.
B.H.Saïda

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