HOMMAGE AUX INTERPRETES DE KHASSAIDES
Aujourd’hui nous ne parlerons par des khassaides écrits par le Cheikh, nous sommes par ailleurs incapables de vous les traduire. Nous n’allons pas évoquer les contextes particuliers à chaque khassaide ni des vertus liées ou prétées à tel ou tel khassida. Contentons nous de parler des interprètes des khassayites appelés ordinairement les chanteurs de khassaides et leur forme d’expression.Nous avons divisé notre repertoire de khassayides en 3 parties :
Le janggum awwu ou le socle, le kurël ou le niveau de référence et le rajaz ou le niveau expert.
1.Le janggum awwu
Le janggum awu est le socle en matière de chants de khassayides. C’est la base car la chœur peut se contenter d’un seul vers qu’il répète inlassablement tandis que le chanteur principal appellé ‘jang kat bi’ visite tous les autres vers. C’est la forme de chant la plus populaire. Elle a des vertus pédagogiques indiscutables. Combien de talibés ont connu des khassayides dès leur plus jeune âge alors qu’ils ne savaient pas encore lire les textes en arabe grâce à ce type de prestation. Il a une autre particularité qui est le ‘beurkheule’. Certains membres du groupe autorisés par le chanteur principal ajoute des phrases, des formules de remerciement à destination de certains cheikhs entre deux vers déclamés par le chanteur qui ,en ce moment là, officie tout seul.
Le pionnier en matière de jangum awwu est Baye Cheikh Fall KHATTABA. Sa voix rauque et puissante berce encore le cœur des mourides qui l’écoutaient dans les années 40 et 50. Baye cheikh Fall khattaba a vu Serigne Touba. A ses débuts quand il chantait les gens en rigolaient. Il a été voir Serigne Touba et lui a demandé de prier pour lui. Nous avons ses chants enregistrés dans les années 50 alors qu’il était déjà vieux. Son fils spirituel est Serigne Matar MBAYE. D’ailleurs dans ses dernières prestations , il faisait juste les ouvertures pour Serigne Matar Mbaye. En écoutant ce dernier on sait qu’il a reçu en héritage toute l’énergie et les vertus attachées au style de Baye Cheikh.
Les premiers mourides arrivés dans les grandes villes du Sénégal dans les années 50 ne jurent par contre que par Serigne CHEIKH LO. Son chakkawtou, son roumna chakkour et son rabboune karimine restent gravés dans le cœur de tous les mourides morts ou vivants. Cheikh LO était un homme élancé, de teint clair avec des lunettes noires au visage. Il nous a quitté en 1964. Que le mouride qui passe à l’hôpital Aristide Le Dantec ait une pensée pieuse pour ce grand chanteur décédé à la salle Laennec. Le jour de son enterrement que des larmes ont coulé . Serigne Fallou Mbacké lui-même lui a donné une couverture venant de Serigne Touba. Serigne Mbacké Madinah s’est mis devant sa maison, fait exceptionel, pour accueillir le convoi funèbre. L’ORTS diffusait en direct ses chants sur tout le Sénégal.
ON ne pourra pourtant plus parler de janggum awwu sans parler de Serigne Modou SAMB. Appelé à ses débuts le chanteur de kaolack, il fut découvert publiquement en 1963. Il est venu juste à point nommé alors que les mourides étaient orphelins de cheikh Lô . Aveugle de naissance, il connaissait les khassayides par cœur dés son plus jeune âge. Il chantait avec une telle passion et une telle précision que lors de ses prestations on pouvait se retrouver avec un auditoire drapé dans un silence palpable . Son mawaahibou est à visiter. Un des vers de ce khassida lui avait inspiré un éclat de rire devenu un xakataaye anthologique. C’était yakfif tidaaha . Son chakkawtou est devenu un classique dans tout le baol. De taille moyenne, teint noir avec des lunettes de la même couleur, il a popularisé le bonnet noir, mbaxané thiourrou thiarra (pompon). Ses chants commençaient vers 22 heures . Et à l’aube on pouvait savourer son appel à la prière . Il nous a quitté brusquement en 1976. En revenant de Saint Louis où il avait chanté la veille, leur voiture a fait un accident au fameux rond point de BATA à Bargny. Lors de ses funérailles tous ses fils spirituels restaient bloqués quand ils arrivaient sur l’éclat de rire inspiré par le khassida mawaahibou et finissait en sanglots. Alors un autre reprenait. Serigne ousseynou Thiam renonça. Serigne mory Séne ne put aller plus loin. Ce jour là seul Fallou NDIAYE put terminer son mawaahibou. Il est devenu le digne successeur de Modou Samb. D’ailleurs il fut repéré très tôt par le maître. Il a repris le même style . Il n’a pas oublié le bonnet noir, les lunettes teintées et la bague que Modou Samb tournait et retournait quand il chantait ‘lam yabdou’. Aujourd’hui Fallou Ndiaye perpétue cette habitude de son maître. Fallou NDIAYE est aussi un grand chanteur individuel. Dans ce domaine son mâitre est Serigne WADE. Ils ont d’ailleurs le même cheikh, Serigne Mbacké Madina.
En matière de jangum awwu, il est indispensable de découvrir Serigne Ibra Kane, Serigne NDIAGA DIEYE, Serigne Mory Sène, Aladji Gamou, Baye Ablaye Niang de Saint Louis, Baye Saliou Thiam de Mbacké, Baye Saliou Thiam de Ndiarème, Serigne Abdou Khadre Sèye neveu de serigne ibra bouba Fall et, disciple de Serigne Massamba Mbacké le Maître d’œuvre du kurêl.
2.Le Kurêl ou la référence
Le kurël est notre deuxième rubrique. Certains l’appellent mawloud en souvenir des prestations de khassayides lors de la célébration de l’anniversaire de la naissance du prophète Mouhammad sas, le Gamou. Le kurël c’est le chant en chœur avec un leader (debbé kate –celui qui donne le ton) pour changer de mélodies ou de khassida, élever le niveau ou baisser celui-ci (Riim, xajji, yêkkêtti wala Samp.. Ou faire des ondulations vocales. Le niveau peut être classé comme la référence en matière de prestations de khassaides. C’est des chants de très bonne facture avec des richesses inépuisables tant au niveau des mélodies que des signes sans parler de la solidarité entre les membres du groupe et de la spécialisation des membres tant aux débuts de chaque vers qu’à la terminaison qui doit être soignée. Le pionnier est incontestablement Serigne Massamba Mbacké. Le premier chef de son kurël était Serigne Ibra Bouba Fall jusqu’en 1907. Rendons hommage à ses premiers compagnons, Serigne Modou Kane Dia, Serigne Allé sylla, Serigne Cheikh NDAO frère de Serigne Diadji NDAO disciple de Serigne Touba et père de Serigne Youssou NDAO , Serigne Ibra Samb, Serigne Saer Diop, Serigne Mactar Dieng, Serigne Modou Samba BALLA , Serigne Moussa Diagne. Quant à Serigne Mahib Gueye il a appris Dieuzebou, Moukhadimate et Mawaahibou par cœur auprès de Serigne Ibra bouba Fall. Et a commencé à chanter en 1912 quand ils sont arrivés à Diourbel. Rappellons que le kurël de Serigne Massamba chantait debout, les kalas autour de la taille devant Serigne Touba. Nous vous présentons dans le site le kurël dirigé par Serigne Mahib Gueye et dont les membres sont Serigne Youssou Ndao, Serigne Mbacké Fall, Serigne Mbacké Diagne, Serigne Abdou Bousso, Serigne Ousmane Dieng, Serigne Alioune Diop et Serigne Cheikh Gueye fils de Serigne Mahib Gueye. Cette forme d’interprétation a été suivie par le kurël de Darou Moukhty. Dans les années 60 est née le kurël de baye Mbaye Niang appellé le kurël de « wakeur Serigne abdoul ahad Mbacké à cause de leur attachement au service du khalif cheikh Abdoul Ahad Mbacké. Nous n’oublierons pas les centaines de kurël formés dans les daaras de serigne Saliou Mbacké avec toutes les catégories d’âge. Aujourd’hui les dignes continuateurs de ses kurëls sont le conservatoire de la daara hizbut tarqiyah avec un professionnalisme et une ambition perfectionniste admirables. Nous avons aussi le conservatoire de hizbut tarqiyah darou khoudoss , le kourelou cheikhoul khadim mafitahul bichri pikine rue 10, le kurël Ahlul Minan, le kurël de l’université Cheikh Anta Diop Majmooha Noreyni, celui de l’université de Saint Louis, Mafaatihul Bichri. Enfin il est de tradition de voir les grands prestataires de Kurêl faire des présentations individuelles. C’est le « Rajaz. »
3. Le RAJAZ ou chant de l’expert
Au sens propre, le « Rajaz » est une métrique, une des multiples versifications de la langue arabe. C’est une métrique ‘bakhrou’ en arabe très rythmée avec une musicalité exceptionnelle. Serigne touba l’a beaucoup utilisé dans ses panégyriques. Des khassayides comme jawartou, jaalibatoul marakhib, ont été composés en rajaz. Populairement quand une personne chante toute seule on dit qu’il fait du rajaz ‘dafay rajaz’ . C’est un emprunt. Quant aux anciens quand une personne faisait une prestation individuelle, ils disaient ‘dafay danguinou’. Cette précision m’a été faite par serigne moumamadou mahmoud Niang, notre ami et maître. Le Rajass C’est le niveau expert. Le chanteur est une étoile inspirée par les khassayides et à son tour il inspire les chanteurs novices et forme le repertoire où puisent les différents groupes pour les chants du conservatoire.
Nous avons une illustration avec Serigne Mahib Gueye, jawrigne du grand conservatoire de Serigne Massamba. Il a chanté individuellement d’autres mélodies que Dieu lui a inspirées. Parmi ces étoiles inspirées et inspiratrices, nous rendons hommage à Serigne Alioune Fall , le prototype du chanteur individuel. Serigne Moustapha Sy fils de serigne Malick Bassine Sy un des cheikhs que Serigne touba avait envoyé au Saloum. Serigne Alioune Fall comme Serigne Moustapha sy faisaient le bonheur des mourides en chantant depuis la grande mosquée sacrée de TOUBA. On se rappelle des walakhad karamna de Serigne Moustapha Sy tous les vendredi entre les deux appels à la prière à la grande mosquée de Touba. Rendons hommage aussi à Serigne Mbaye Diop tant affectionné par Serigne abdoul ahad Mbacké. Aveugle de naissance il était tellement aimé par serigne Abdoul Ahad qu’après son décés, Serigne Abdoul Ahad a repris sa mélodie avec le khassida moukhadimat. Nous n’oublierons pas Serigne Aladji Cissé, disciple de serigne bassirou Mbacké aux mélodies réclamées par Serigne Saliou Mbacké longtemps après son décès. Serigne Moustapha Diop est devenu un pilier incontournable. Si vous voulez le voir, l’entendre allez au mausolée de Serigne Fallou Mbacké où il pointe tous les jours. Quant à Serigne Moustapha Kébé, ses airs sont un défi pour tous les conservatoires contemporains.
Retenons notre plume de peur de nous noyer dans cet océan de bienfaits que constituent les formes d’interprétations des khassayides en demandant à Dieu d’accorder son agrément à tous les disciples de Serigne Touba et qu’Il ne cesse de nous inspirer et de nous guider. AAmin.
Votre fidèle serviteur Serigne Modou Mamoune NDIAYE. Membre Fondateur du groupe khassida.com
dimanche 22 novembre 2009
samedi 7 novembre 2009
Le Langage Mouride Ou Le Tawhid Incarné
Même si les mourides parlent plusieurs langues, ils ont un langage imprégné par le tawhid, la science qui enseigne l'unicité de DIEU, le Créateur de l'univers. Le langage mouride est doux et succulent, mais extrêmement dense et grave. Il est appel et rappel, souvenir et exortation. Il se situe au commencement et prépare la fin. C'est le tawhid incarné dans le verbe et par le verbe. La crainte divine transportant la parole. Ceci grâce aux enseignements de Serigne Touba, khadimou Rassoul. Cet homme dont chaque inspiration et chaque expiration exaltaient la crainte de DIEU et l'espérance en même temps. J'en rapporte comme illustration la dernière rencontre de Cheikh Chouhaibou Mbacké avec son vénéré père et Maître Serigne Touba. Cet entretien m'a été relaté par Serigne Modou Mahmoud Niang, mon maître et ami. C'était un samedi après la prière de Tisbar à Touba. Comme d'habitude Serigne Modu Mahmoud était assis au milieu de son lit habillé d'un boubou baxa, bleu indigo avec un kaala, un turban blanc le regard plein de compassion. Ce qui apparaissait de son corps en l'occurence son visage était couvert par une couleur noire éclatant de brillance. Un noir nature. Qui était relevé par une belle rangée de dents blanches qui n'apparaissaient que pour me mettre en confiance et me témoignaient de tout l'amour que Serigne Mahmoud me portait. A peine assis avec mes amis Farba et Oumar, Elimane, un de ses fils arrivait avec un thermostat de café et des tasses. Au moment du service, Cheikh Mahmoud qui s'entretenait avec moi apostropha Elimane en ces termes
-Dis toujours bismilah au nom de DIEU avant de servir.
Devinant notre soif d'anecdotes due à son statut de compagnon et confident de la plupart des fils de Cheikh Ahmadou Bamba il s'adressa à nous.
_ La scène que je vais vous raconter c'est Serigne Souhaibou (un fils de serigne touba) lui même qui me l'a raconté.
-Alors qu'il était élève et élevé par Serigne Hamsatou Dakhaté son oncle, un jour,ils sont partis voir Serigne TOUBA à Njaareem, Diourbel. Dés qu'ils furent arrivés dans la pièce Serigne Souhaibou fut tout d'abord surpris par l'attitude de son maître Serigne Hamsatou. Celui ci était déjà à terre, le bonnet retiré dans une position tellement respectueuse. Serigne Souhaibou se dit dans sa tête "ndekete sama serigne amna serigne".Ce jour là Serigne Touba leur servit du café en disant à serigne hamsatou de formuler des voeux. Il lui répondit
"MBACKé, tu es le mieux placé pour formuler des voeux pour moi". "Mbacké yow mi mënë fass, fassal ma". Le cheikh lui dit j'ai demandé pour toi l'obtention des dons du coran ainsi que sa baraka de même que de la teranga. Tous les contemporans de Serigne Hamsatou savent que ce dernier a vu exaucer tous ses voeux. Lui qui était haafizul quraane, il connaissait le coran par coeur et l'a enseigné à des milliers de personnes à travers sa personne et les élèves qu'il a formés et qui sont devenus à leur tour des professseurs. Voici la barakat. Quant à téranga il l'avait aussi car des dons affluaient de partout en se dirigeant vers sa maison. C'est ce jour là que Serigne Touba avait recommandé à Serigne Sohaibou de toujours dire Bismilah avant d'entreprendre quoi que ce soit dans la vie de tous les jours. Car Serigne Touba lui avait demandé un certain nombre de tâches et à chaque fois il lui disait, « Souhaibou il faut toujours commencer par dire bismilah. » Serigne Souhaibou rapporta à Serigne Modou Mahmoud que ce qui l'avait le plus marqué c'est la constance de la basmallah dans la bouche de Serigne Touba. Car c'est lui qui avait préparé le café et le servait. A chaque fois qu'il prenait une tasse il disait bismilah, quand il versait le café il disait bismilah et quand il te tendait la tasse il disait bismilah.Serigne Souhaibou fut encore plus impressionné quand le muezzin appela à la prière. Car à peine a-t-il entendu l'appel que Serigne Touba se mit debout et attrapa son kala turban qu'il mit autour de sa tête et disparut tout en récitant le coran. "Serigne Souhaibou", me dit Serigne Modou Mahmoud Niang , m' a dit que c'est la dernière image qu'il a gardée de son père Cheikhul khadim.Oui, "dés quil entendit l'appel du muezzin, il se leva précipitamment ,prit son kaala et tout en récitant le coran disparut de leur vue...Ce que je voudrais souligner c'était cette pésence constante de DIEU dans les actes du Cheikh qui disait aux colons " Ramenez -moi là où DIEU n'est pas." Autrement, vous ne pourrez rien contre ma personne ou ma foi car wallahu yu daafihu hanil lëzina aamanu, DIEU est le défenseur des croyants.
Cette foi inébranlable , le maître l'a transmis au disciple mouride. Rappelons nous de son lieutenant Mame Thierno Ibrahim qui répondait invariablement par "Alhamdulilah" quelle que soit la teneur des nouvelles, bonnes ou mauvaises. « Le sommet de la sagesse est la crainte de DIEU ». Tout musulman connaît cette sentence. Quant au mouride il le vit à travers son verbe avant d’entrer en action.
Quotidiennement le mouride qui mange ne va pas dire "je mange", il dit "maangui xéewlu" c'est à dire je suis entrain de me régaler des biens qui proviennent de DIEU, Xéewël signifiant bienfait, bien dont on a été gratifié par DIEU. Ou en invitant quelqu’un à sa table, il dira « Serigne bi Kaay barkeelu ». Le musulman n’est-il pas à la recherche de la barakat ? Quand il a fini de manger le mouride ne dit pas "je suis rassasié ou je suis rempli" comme avait l'habitude de dire un de mes amis soninké. il dit "Sant naa".Quoi? Qui? Dieu merci. Merci de m'avoir nourri. Quand le mouride se met à partager quelques friandises , quand il n'y en a plus, il ne dit pas "c'est fini" "jeexna" mais "mattna" autrement dit c'est complet .La part que Dieu nous a attribué. Mais il en reste car les bienfaits de DIEU sont infinis. Quand il part se coucher, le mouride ne dit pas "je vais aller dormir" mais "maangui dall lu ji" je vais aller me poser. Pourquoi? Car l'homme ne doit pas être un oisif. L'homme dans sa vie doit toujours être en action, au service de sa communauté, au service des créatures pour l'onction du Créateur. Et quand il tue un animal, le mouride utilise le terme "lewetal". Car DIEU seul est doté de la puissance de tuer, d'ôter la vie. Alors le mouride dit "je l'ai rendu doux".Et dans la vie de tous les jours quand on demande à un mouride comment il va. Il répond toujours "Sant rekk", "maangui sant bu baax" "sant ak muñ" "sant ak muuñ"ou "sant bay fecc" ou "sant, muñ ak moytu"selon son haal ou ses épreuves. Alors si l'on sait que « sant », chukr en arabe ou rendre grâce a comme contraire « kuffr » « weddi », comme nous l'a enseigné Cheikh Saalih, on prend toute la mesure du langage mouride qui est un véritable musulman, celui qui est soumis à la volonté divine contrairement au rebelle. Aujourd'hui le sénégalais a adopté ce mode de salutation .Après le salam d'usage, quand tu demanderas à n'importe quel sénégalais comment il va , il te répondra "maangui sant" c'est à dire DIEU merci. Mais continuons notre voyage au pays du langage des soufis mourides. Ainsi on verra que le mouride est tellement probe, tellement prudent que quand on lui demande si quelqu'un est entrain de dormir ou pas, si quelqu'un s'est réveillé ou pas, il répondra "qu'il na pas encore ouvert ses portes, ubeegul. Car il ne sait pas ce qui se passe à l'intérieur. Rien ne lui indique ce qu'est entrain de faire la personne. Un croyant ne doit pas avancer des propos dont il n'est pas sûr. Jullit day Maandu. Quant à sa maison, le mouride l'appelle "dall bi" ou "lieu d'hébergement" car comme un voyageur, il n'est que passager dans cette maison quelle que soit la solidité des colonnes qui retiennent la bâtisse. Nos véritables demeures ne sont elles pas le paradis pour les vertueux .
Ce langage mouride inspiré par la crainte divine et voilé de sagesse est aussi empreint du respect de l'autre. Ainsi quel que soit le genre masculin en face, le mouride l'appellera "Serigne bi" car Serigne bi, c'est le qualificatif le plus respectueux, l'état le plus noble auquel aspire un musulman. L'incarnation de la sagesse, une présomption de connaissant aalim accordée à l'interlocuteur...jusqu'à preuve du contraire. Quand il parlera ou quand il agira. Jamais avant. Quant à la femme, le mouride l'appellera "soxna-ci , femme vertueuse" ou l'incarnation de la mère de la plupart de nos maîtres spirituels, les sages. Jusqu'à preuve du contraire. Quand elle agira ou quand elle" se dévoilera".Quant à l'enfant, le mouride l'appelle "tuuti tank" "petit pied" car rappelle-toi, toutes les âmes ont été créées le même jour. ce jour là toutes les âmes ont répondu « ballé » oui, c'était YAWMA ALASTU quand DIEU déclara "Ne suis -je pas votre Seigneur". « Oui » ont répondu toutes les âmes. Le mouride se rappelle encore de ce jour et tient à honorer ce pacte avec son Créateur. Du fait de son passé de paysan, le mouride dira toujours "maangui dem ci tool yi fût-il commerçant à Sandaga ou trader à la City ou à Wall Street, fût-il enseignant ou ouvrier. Il va aux champs afin de récolter des bienfaits qui l'aideront à rester cet homme libre, qui ne tend sa main qu'à DIEU . Le travail, un moyen pour pouvoir adorer correctement DIEU devient sain, saint, sanctificateur et sanctifiant.
Quand quelqu'un meurt le mouride dira "nelawna" c'est à dire qu'il dort. Ce qui veut dire qu'il va se réveiller. Le mouride croit au jour de la résurrection . Mahshar. C'est ce jour que les corps sortiront des tombes pour répondre à l'appel. Il dira aussi de quelqu'un de décédé qu'il a accompli sa tâche "wacc na ligéey". Le mouride , il est sur terre pour engranger des bonnes actions car DIEU dit dans le Coran sourate Al Mulk "Béni soit Celui qui détient le pouvoir suprême et Qui est tout puissant, Qui a créé la mort et la vie pour vous éprouver et connaître ceux d'entre vous qui se conduisent le mieux."Sourate 7 verset 1 et 2.
Quand le mouride prend congé de quelqu'un il lui dira qu'il déplace juste sa personne , sa carcasse physique bien entendu;"maangu toxal jëmm ji". Car les âmes vertueuses et bien inspirées ne se séparent jamais. Et l'autre mouride de répondre "Inna Laha Mahanaa" "DIEU est avec nous."
Votre serviteur Serigne Modou Mamoune NDIAYE .Fondateur du groupe khassida.com
Samedi 07 Novembre 2009
Gaawu 19 dhol qi’dah 1430
depook Magalu Daaru Salaam.
-Dis toujours bismilah au nom de DIEU avant de servir.
Devinant notre soif d'anecdotes due à son statut de compagnon et confident de la plupart des fils de Cheikh Ahmadou Bamba il s'adressa à nous.
_ La scène que je vais vous raconter c'est Serigne Souhaibou (un fils de serigne touba) lui même qui me l'a raconté.
-Alors qu'il était élève et élevé par Serigne Hamsatou Dakhaté son oncle, un jour,ils sont partis voir Serigne TOUBA à Njaareem, Diourbel. Dés qu'ils furent arrivés dans la pièce Serigne Souhaibou fut tout d'abord surpris par l'attitude de son maître Serigne Hamsatou. Celui ci était déjà à terre, le bonnet retiré dans une position tellement respectueuse. Serigne Souhaibou se dit dans sa tête "ndekete sama serigne amna serigne".Ce jour là Serigne Touba leur servit du café en disant à serigne hamsatou de formuler des voeux. Il lui répondit
"MBACKé, tu es le mieux placé pour formuler des voeux pour moi". "Mbacké yow mi mënë fass, fassal ma". Le cheikh lui dit j'ai demandé pour toi l'obtention des dons du coran ainsi que sa baraka de même que de la teranga. Tous les contemporans de Serigne Hamsatou savent que ce dernier a vu exaucer tous ses voeux. Lui qui était haafizul quraane, il connaissait le coran par coeur et l'a enseigné à des milliers de personnes à travers sa personne et les élèves qu'il a formés et qui sont devenus à leur tour des professseurs. Voici la barakat. Quant à téranga il l'avait aussi car des dons affluaient de partout en se dirigeant vers sa maison. C'est ce jour là que Serigne Touba avait recommandé à Serigne Sohaibou de toujours dire Bismilah avant d'entreprendre quoi que ce soit dans la vie de tous les jours. Car Serigne Touba lui avait demandé un certain nombre de tâches et à chaque fois il lui disait, « Souhaibou il faut toujours commencer par dire bismilah. » Serigne Souhaibou rapporta à Serigne Modou Mahmoud que ce qui l'avait le plus marqué c'est la constance de la basmallah dans la bouche de Serigne Touba. Car c'est lui qui avait préparé le café et le servait. A chaque fois qu'il prenait une tasse il disait bismilah, quand il versait le café il disait bismilah et quand il te tendait la tasse il disait bismilah.Serigne Souhaibou fut encore plus impressionné quand le muezzin appela à la prière. Car à peine a-t-il entendu l'appel que Serigne Touba se mit debout et attrapa son kala turban qu'il mit autour de sa tête et disparut tout en récitant le coran. "Serigne Souhaibou", me dit Serigne Modou Mahmoud Niang , m' a dit que c'est la dernière image qu'il a gardée de son père Cheikhul khadim.Oui, "dés quil entendit l'appel du muezzin, il se leva précipitamment ,prit son kaala et tout en récitant le coran disparut de leur vue...Ce que je voudrais souligner c'était cette pésence constante de DIEU dans les actes du Cheikh qui disait aux colons " Ramenez -moi là où DIEU n'est pas." Autrement, vous ne pourrez rien contre ma personne ou ma foi car wallahu yu daafihu hanil lëzina aamanu, DIEU est le défenseur des croyants.
Cette foi inébranlable , le maître l'a transmis au disciple mouride. Rappelons nous de son lieutenant Mame Thierno Ibrahim qui répondait invariablement par "Alhamdulilah" quelle que soit la teneur des nouvelles, bonnes ou mauvaises. « Le sommet de la sagesse est la crainte de DIEU ». Tout musulman connaît cette sentence. Quant au mouride il le vit à travers son verbe avant d’entrer en action.
Quotidiennement le mouride qui mange ne va pas dire "je mange", il dit "maangui xéewlu" c'est à dire je suis entrain de me régaler des biens qui proviennent de DIEU, Xéewël signifiant bienfait, bien dont on a été gratifié par DIEU. Ou en invitant quelqu’un à sa table, il dira « Serigne bi Kaay barkeelu ». Le musulman n’est-il pas à la recherche de la barakat ? Quand il a fini de manger le mouride ne dit pas "je suis rassasié ou je suis rempli" comme avait l'habitude de dire un de mes amis soninké. il dit "Sant naa".Quoi? Qui? Dieu merci. Merci de m'avoir nourri. Quand le mouride se met à partager quelques friandises , quand il n'y en a plus, il ne dit pas "c'est fini" "jeexna" mais "mattna" autrement dit c'est complet .La part que Dieu nous a attribué. Mais il en reste car les bienfaits de DIEU sont infinis. Quand il part se coucher, le mouride ne dit pas "je vais aller dormir" mais "maangui dall lu ji" je vais aller me poser. Pourquoi? Car l'homme ne doit pas être un oisif. L'homme dans sa vie doit toujours être en action, au service de sa communauté, au service des créatures pour l'onction du Créateur. Et quand il tue un animal, le mouride utilise le terme "lewetal". Car DIEU seul est doté de la puissance de tuer, d'ôter la vie. Alors le mouride dit "je l'ai rendu doux".Et dans la vie de tous les jours quand on demande à un mouride comment il va. Il répond toujours "Sant rekk", "maangui sant bu baax" "sant ak muñ" "sant ak muuñ"ou "sant bay fecc" ou "sant, muñ ak moytu"selon son haal ou ses épreuves. Alors si l'on sait que « sant », chukr en arabe ou rendre grâce a comme contraire « kuffr » « weddi », comme nous l'a enseigné Cheikh Saalih, on prend toute la mesure du langage mouride qui est un véritable musulman, celui qui est soumis à la volonté divine contrairement au rebelle. Aujourd'hui le sénégalais a adopté ce mode de salutation .Après le salam d'usage, quand tu demanderas à n'importe quel sénégalais comment il va , il te répondra "maangui sant" c'est à dire DIEU merci. Mais continuons notre voyage au pays du langage des soufis mourides. Ainsi on verra que le mouride est tellement probe, tellement prudent que quand on lui demande si quelqu'un est entrain de dormir ou pas, si quelqu'un s'est réveillé ou pas, il répondra "qu'il na pas encore ouvert ses portes, ubeegul. Car il ne sait pas ce qui se passe à l'intérieur. Rien ne lui indique ce qu'est entrain de faire la personne. Un croyant ne doit pas avancer des propos dont il n'est pas sûr. Jullit day Maandu. Quant à sa maison, le mouride l'appelle "dall bi" ou "lieu d'hébergement" car comme un voyageur, il n'est que passager dans cette maison quelle que soit la solidité des colonnes qui retiennent la bâtisse. Nos véritables demeures ne sont elles pas le paradis pour les vertueux .
Ce langage mouride inspiré par la crainte divine et voilé de sagesse est aussi empreint du respect de l'autre. Ainsi quel que soit le genre masculin en face, le mouride l'appellera "Serigne bi" car Serigne bi, c'est le qualificatif le plus respectueux, l'état le plus noble auquel aspire un musulman. L'incarnation de la sagesse, une présomption de connaissant aalim accordée à l'interlocuteur...jusqu'à preuve du contraire. Quand il parlera ou quand il agira. Jamais avant. Quant à la femme, le mouride l'appellera "soxna-ci , femme vertueuse" ou l'incarnation de la mère de la plupart de nos maîtres spirituels, les sages. Jusqu'à preuve du contraire. Quand elle agira ou quand elle" se dévoilera".Quant à l'enfant, le mouride l'appelle "tuuti tank" "petit pied" car rappelle-toi, toutes les âmes ont été créées le même jour. ce jour là toutes les âmes ont répondu « ballé » oui, c'était YAWMA ALASTU quand DIEU déclara "Ne suis -je pas votre Seigneur". « Oui » ont répondu toutes les âmes. Le mouride se rappelle encore de ce jour et tient à honorer ce pacte avec son Créateur. Du fait de son passé de paysan, le mouride dira toujours "maangui dem ci tool yi fût-il commerçant à Sandaga ou trader à la City ou à Wall Street, fût-il enseignant ou ouvrier. Il va aux champs afin de récolter des bienfaits qui l'aideront à rester cet homme libre, qui ne tend sa main qu'à DIEU . Le travail, un moyen pour pouvoir adorer correctement DIEU devient sain, saint, sanctificateur et sanctifiant.
Quand quelqu'un meurt le mouride dira "nelawna" c'est à dire qu'il dort. Ce qui veut dire qu'il va se réveiller. Le mouride croit au jour de la résurrection . Mahshar. C'est ce jour que les corps sortiront des tombes pour répondre à l'appel. Il dira aussi de quelqu'un de décédé qu'il a accompli sa tâche "wacc na ligéey". Le mouride , il est sur terre pour engranger des bonnes actions car DIEU dit dans le Coran sourate Al Mulk "Béni soit Celui qui détient le pouvoir suprême et Qui est tout puissant, Qui a créé la mort et la vie pour vous éprouver et connaître ceux d'entre vous qui se conduisent le mieux."Sourate 7 verset 1 et 2.
Quand le mouride prend congé de quelqu'un il lui dira qu'il déplace juste sa personne , sa carcasse physique bien entendu;"maangu toxal jëmm ji". Car les âmes vertueuses et bien inspirées ne se séparent jamais. Et l'autre mouride de répondre "Inna Laha Mahanaa" "DIEU est avec nous."
Votre serviteur Serigne Modou Mamoune NDIAYE .Fondateur du groupe khassida.com
Samedi 07 Novembre 2009
Gaawu 19 dhol qi’dah 1430
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